L’approche systémique PSBL
L'ensemble du projet de PSBL a émergé d'un constat saisissant :
Notre modèle de développement, qui a permis la prospérité de certains, fait aujourd'hui face à des défis écologiques, ontologiques, sociaux et économiques majeurs. L'expansion incontrôlée des activités humaines épuise les ressources, perturbe l'équilibre global des écosystèmes et met en péril les conditions de vie sur Terre, tout en ne répondant plus aux besoins essentiels de la majorité d'entre nous.
Dans ce monde VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigu), il devient impératif de réévaluer profondément notre place dans l'univers. Ce changement de paradigme touche non seulement nos structures organisationnelles et nos modèles d'entreprises, mais aussi nos relations humaines et notre approche du leadership.
Pour réussir à prospérer en tant qu'écosystème, il est essentiel de développer une compréhension fine des contextes dans lesquels nous évoluons et des dynamiques des environnements auxquels nous appartenons.
Cette compréhension, ainsi que tout ce que nous proposons, repose sur la conviction que nous avons souvent cherché à répondre très efficacement aux mauvaises questions.
Les questions comme levier de transformation systémique
Au cœur de cette dynamique de transformation, une question fondamentale se pose : qu'est-ce qu'un système, et quelle est la différence entre un système vivant et un système non vivant ? À cette question, Daniel Christian Wahl nous invite à cultiver la patience et à vivre pleinement les interrogations qui surgissent en nous, plutôt que de rechercher des réponses immédiates. Comme le dit Rainer Maria Rilke :
"Soyez patient avec tout ce qui reste sans réponse dans votre cœur et essayez d'aimer les questions elles-mêmes, comme si elles étaient des pièces verrouillées ou des livres écrits dans une langue très étrangère. Ne cherchez pas les réponses, elles ne pourraient pas vous être données maintenant, car vous ne seriez pas capable de les vivre. L'important est de vivre tout cela. Vivez les questions maintenant."
Il ne s'agit pas simplement d'avoir des réponses, mais de nous immerger dans les bonnes questions, celles qui nous guideront vers une nouvelle manière d'appréhender le monde et, à terme, de créer un impact véritable.
Les questions, selon Wahl, sont la voie de la sagesse collective. Dans un monde en constante évolution, ces questions deviennent notre boussole pour naviguer à travers l'incertitude :
"Les questions sont le chemin vers la sagesse collective."
Et face à l'urgence des polycrises écologiques, sociales et économiques, il devient impératif de remettre en question nos valeurs, nos hypothèses et nos modèles de développement. C'est en vivant ces questions et en les abordant de manière systémique que nous pourrons repenser notre manière de vivre et d'agir, en ouvrant la voie à un monde régénératif et plus juste.
Comprendre les systèmes : Vivants et non-vivants
À mesure que nous vivons ces questions essentielles, il devient crucial de comprendre les systèmes dans lesquels nous évoluons, tant à l'échelle individuelle que collective. La clé pour appréhender les enjeux auxquels nous faisons face aujourd'hui réside dans la manière dont nous concevons et interagissons avec les systèmes qui nous entourent.
Un système est un ensemble d'éléments interconnectés, organisé de manière à atteindre un objectif ou à remplir une fonction. Il se compose de trois éléments clés :
Les éléments : Ce sont les composants individuels du système, comme des personnes, des cellules, des machines ou des plantes. Ils peuvent être tangibles ou intangibles.
Les interconnexions : Ce sont les relations, les boucles de rétroaction et les flux qui lient les éléments entre eux. Ces connexions déterminent comment les éléments interagissent.
La fonction ou le but : C’est la raison d’être du système, le résultat qu’il produit ou le rôle qu’il joue. Ce but n’est pas toujours explicitement exprimé, mais il peut être déduit du comportement du système.
Cependant, tous les systèmes ne se ressemblent pas, et la distinction entre systèmes vivants et non-vivants est essentielle pour comprendre comment ils fonctionnent et évoluent :
Système Non-Vivant : Les systèmes non-vivants, comme les machines ou les logiciels, suivent des règles déterministes où les éléments interagissent de manière prévisible et linéaire. Les relations entre les éléments sont fixes, les interactions sont programmées et la capacité d’évolution est limitée. Ces systèmes ne changent pas de manière autonome en réponse à leur environnement.
Système Vivant : Un système vivant, au contraire, n’est pas simplement une collection d’éléments interconnectés, mais un ensemble interdépendant et dynamique. Chaque élément agit en interaction avec les autres, créant ainsi une réalité partagée, en constante transformation. Ces systèmes vivants possèdent une capacité unique à évoluer, à s’adapter et à se régénérer en fonction des conditions de leur environnement. Ce processus d’adaptation continue se produit grâce à des relations invisibles mais fondamentales qui permettent au système de s’auto-organiser et d’évoluer.
Un exemple concret de système vivant est une équipe. Dans une équipe, les individus ne sont pas simplement des acteurs séparés, mais des expressions de l’entité vivante qu’est l’équipe elle-même. Chaque interaction et chaque décision individuelle façonnent la dynamique collective. Ce système est donc en perpétuelle évolution, et chaque action individuelle participe à l’émergence d’une dynamique collective qui dépasse les intérêts personnels pour créer quelque chose de plus grand que la somme des parts.
La beauté des systèmes vivants réside dans leur capacité à s’adapter en fonction des contextes changeants, à apprendre de leurs erreurs et à se réinventer. Dans ce type de système, chaque élément joue un rôle non seulement en fonction de son objectif initial, mais aussi dans une relation symbiotique avec l’ensemble du système, qui l’influence et le transforme en retour.
Comment pouvons-nous changer un système vivant ?
Changer un système vivant n'est pas une question de réparation ou d'amélioration des parties individuelles, mais une question de transformation des relations qui les unissent. C'est ce que nous apprend Donella Meadows avec ses leviers d’intervention. Elle identifie plusieurs points d'entrée, du plus superficiel au plus profond, pour provoquer le changement dans un système :
Les paramètres : Ce sont les éléments externes du système, comme les ressources ou les règles d'action. Les changer peut produire des effets immédiats, mais ces changements sont souvent temporaires et peu durables s'ils ne s'accompagnent pas d'un changement plus profond.
Les structures de contrôle : C’est à ce niveau que les réorganisations ou les ajustements des règles et des processus peuvent intervenir. Mais là encore, si le système reste inchangé dans sa manière de percevoir et d’interagir avec son environnement, le changement restera limité.
Les flux d’information : C'est ici que réside un levier plus puissant. La manière dont les informations circulent au sein d'un système influence profondément sa dynamique. Réformer la communication et la transparence peut avoir un effet profond sur le comportement du système.
Les objectifs du système : Changer les buts ou la vision d’un système peut transformer sa trajectoire de manière significative. Cela nécessite une réévaluation de ce que le système cherche à atteindre et une redéfinition des priorités.
Les paradigmes sous-jacents : À un niveau encore plus profond, les croyances et les valeurs qui fondent le système sont les véritables leviers de changement. Modifier ces paradigmes – ce que nous croyons être la vérité – peut créer une transformation radicale et durable. Mais cela prend du temps et demande une évolution intérieure collective.
Cela rejoint la vision de Nora Bateson qui, elle aussi, souligne que changer un système vivant ne se limite pas à une action mécanique sur ses éléments, mais à une transformation subtile des relations et des processus de communication. Dans son approche, la première étape consiste à prendre conscience que ce ne sont pas les parties du système qui détiennent la clé du changement, mais bien les relations qui les relient. Ces relations, en effet, sont tissées de communication.
Mais ce qui est communiqué n'est pas simplement ce qui est dit ou exprimé ; il s'agit de ce qui peut être dit, de ce qui peut être partagé, de ce qui peut être entendu. Là réside l’espace où les transformations peuvent s’opérer. En modifiant ce qui peut être communiqué, en élargissant les horizons de ce qui peut être exprimé, nous modifions la nature même du système.
Changer un système vivant implique de comprendre ce qui est en train de se produire et d’accompagner son émergence, plutôt que d’imposer des changements extérieurs. Les tensions et les conflits, loin d’être des obstacles, sont des signaux d’alerte que quelque chose doit évoluer. Ils doivent être perçus comme des catalyseurs d’un processus de transformation créative, une invitation à repenser les relations et les structures internes du système.
Comprendre aussi le champ émotionnel du système est essentiel. Il ne s’agit pas seulement de rationaliser, mais de saisir les dynamiques émotionnelles qui gouvernent les interactions. Lorsque le système devient plus conscient de ses dynamiques profondes, il commence à s’auto-corriger et à s’adapter. C’est ainsi qu’il peut évoluer de manière résiliente, au-delà des ajustements superficiels.
Ainsi, changer un système vivant nécessite de se concentrer sur les relations, la communication, les tensions créatives et la prise de conscience des dynamiques profondes. Ce n’est pas une question d’imposer un changement, mais d’accompagner une évolution organique vers un système plus harmonieux et résilient.
Accompagner l'évolution : la transformation des relations et des dynamiques systémiques
Dans cette optique, que ce soit à travers PSBL Finance ou PSBL Care, nous croyons fermement que le changement systémique ne peut émerger que si nous transformons les relations qui sous-tendent nos systèmes. Ce n'est pas en imposant des solutions techniques ou en opérant des réorganisations superficielles que nous allons créer une véritable transformation. Nous sommes convaincus que le véritable changement réside dans la manière dont nous repensons et réajustons les dynamiques émotionnelles et les processus de communication au sein des systèmes. En favorisant une évolution organique et collective, nous permettons aux systèmes de se réinventer de manière durable et juste, en respectant l'équilibre entre les acteurs et l’environnement. Cela nécessite, bien sûr, des ajustements pratiques et structurels, mais aussi un changement profond de la manière dont les individus et les organisations interagissent.
Dans cette perspective, nous croyons que notre rôle, à travers PSBL Finance et PSBL Care, est de soutenir la création et l'implémentation des stratégies des acteurs, tout en facilitant leur déploiement opérationnel et en accompagnant le développement de nouveaux produits et services qui allient durabilité et performance. PSBL Finance, par son approche stratégique, permet de réorienter les flux de capitaux vers des initiatives qui régénèrent les écosystèmes et répondent aux besoins sociaux et écologiques. PSBL Care, quant à lui, accompagne les individus et les organisations dans la compréhension et la mise en pratique de ces dynamiques, en offrant un soutien pour ajuster les relations, la communication et les comportements. Chaque étape de ce processus doit être pensée pour réconcilier les enjeux financiers avec les impératifs écologiques et sociaux, tout en assurant que chaque action, qu'elle soit stratégique, opérationnelle ou humaine, participe à l’évolution du système dans sa globalité et dans sa durée.
L'Émergence du Leadership Liminal : Intégrer l'Intelligence Relationnelle et Systémique
Dans la lignée de notre conviction que le véritable changement réside dans la transformation des relations et des dynamiques sous-jacentes, nous croyons que le développement de l'Intelligence Relationnelle Systémique (IRS) est essentiel pour accompagner cette évolution. L’IRS est la capacité à percevoir un groupe ou un système comme une entité vivante, et à se relier à celui-ci dans sa globalité. Cela implique de passer d’une vision individuelle à une vision systémique, en comprenant que chaque membre n’est pas simplement un acteur isolé, mais une voix du système, une expression d’une dynamique plus large.
Cette capacité à lire ce qui est invisible à l’œil nu — les émotions, les tensions, et les interactions — permet de mieux comprendre les dynamiques sous-jacentes du groupe. En adoptant cette perspective systémique, chaque membre du système peut prendre conscience de son rôle dans l’ensemble et se connecter à un objectif commun qui dépasse les intérêts individuels. En cela, l’IRS permet de créer des espaces où les individus ne sont plus seulement en interaction les uns avec les autres, mais se relient à la dynamique collective qui les unit, dans une évolution organique et collective.
Cela résonne profondément avec l’approche que nous adoptons à travers PSBL Finance et PSBL Care, où nous cherchons à transformer non seulement les structures et les stratégies, mais aussi la manière dont les relations se tissent entre les acteurs. L'IRS ne se contente pas de transformer la communication entre individus, elle transforme la manière dont le groupe se perçoit et interagit avec lui-même. Il s'agit d'adopter une perspective systémique qui privilégie l'alignement collectif au détriment des préoccupations individuelles.
Cette transformation passe par l'intégration de l'Intelligence Émotionnelle, qui nous permet de comprendre et de réguler nos émotions, mais aussi celles des autres, afin de favoriser des interactions authentiques et constructives. L'Intelligence Sociale, de son côté, nous aide à naviguer dans les normes sociales et à bâtir des relations solides et efficaces au sein du groupe. Ces deux formes d'intelligence viennent renforcer l’IRS, en permettant une meilleure gestion des émotions et une compréhension plus profonde des dynamiques sociales et relationnelles.
C’est en cultivant cette nouvelle forme d’intelligence, qui intègre l'émotionnel, le social et le relationnel, que nous serons capables de développer un leadership liminal. Ce leadership, qui s'ancre dans la compréhension des dynamiques systémiques et relationnelles, se distingue par sa capacité à naviguer dans l'incertitude et à accompagner la transformation avec flexibilité et ouverture. Un leadership liminal qui, au-delà des ajustements structurels et stratégiques, prend en compte les dynamiques humaines profondes, et qui soutient une transformation durable et juste pour les individus et pour les systèmes dans leur globalité.